En 1867, par testament, M. Joseph Deloisy, célibataire, donne ses biens à la commune : de nombreux terrains et sa maison de la Costelle pour en faire un hospice recevant les malades et les indigents. L'aménagement intérieur est financé par des dons, et son fonctionnement était doté d'un revenu de 4.100 francs.
En 1868, une religieuse de la Congrégation des sœurs de la Providence de Portieux, Sœur Théodosie, fut mise à la tête de cet hospice qui comptait une vingtaine de lits. Elle se retira en 1899, au couvent de Portieux où elle décéda en 1904.
Faute d'un personnel suffisant, la Congrégation des sœurs de la Providence renonça à envoyer de nouvelles sœurs, malgré l'appel de la Commune de Fraize. La Congrégation des sœurs Saint-Charles de Nancy, envoya alors des religieuses pour soigner les malades et les infirmes. Elles demeurèrent attachées à ces charges jusqu'en 1964, à la grande satisfaction de la population.
Le noble exemple de M. Joseph Deloisy suscita des émules, et aux modestes offrandes et dons s'en joignaient de plus généreux, ainsi ceux de MM. Bénédict Œsterlé, Jean-Victor Miche, curé, Georges Maire, Charles Mengin et Mmes Marchal-Dengler, Simon-Chrétien.
Le bâtiment de l'hospice laissant à désirer sur les plans de la solidité, de la salubrité et du confort, la municipalité avait envisagé de le reconstruire, au même endroit, mais ce projet n'aboutit pas. En revanche, sous le mandat de Marius Durand (1896-1919), on entreprit au début du XXème siècle la construction d'un nouvel hôpital à l'extrémité de la rue de la Costelle, aux Adelins.
Bientôt commença à s'élever le beau bâtiment offrant tout le confort désiré pour les malades, que l'on peut encore admirer aujourd'hui, et dont les plans étaient dus à M. Martin, architecte à Saint-Dié. Ses deux ailes étaient prévues pour permettre leur extension suivant les besoins, ce qui ne manqua pas de se produire, mais bien plus tard.
L'ameublement a été financé par une allocation du Pari-Mutuel. La société Géliot fit don de 25.000 francs et Mme veuve Claude Aubert, en plus d'avoir offert le terrain, assura à l'hôpital une rente annuelle de 10.000 francs.
Ce nouvel hôpital était dédié aux malades, tandis que l'ancien hospice l'était aux vieillards et aux infirmes et le resta jusqu'à sa démolition dans les années 1930.
Fin 1913 débuta la construction des bâtiments de la caserne Cohéorn, juste à côté du nouvel hôpital et devant accueillir un bataillons du 158ème Régiment d'Infanterie Alpine (soit environ 1000 hommes). Comme la population de Fraize s'était depuis quelques années accrue à cause du développement de l'industrie textile des Géliot, et compte tenu de l'arrivée des soldats, il était apparu que ce nouvel Hôpital civil n'avait plus la capacité requise. Il fut donc envisagé la construction, à l'arrière, de deux pavillons de 40 lits, l'un pour les contagieux et l'autre pour la médecine et la chirurgie. L'Hopital fournissait les terrains, le Ministère de la Guerre finançait la construction, à hauteur envisagée de 100.000 frs. Faute de devis réalisés à temps, la construction, sous la maîtrise d'œuvre de la commune, ne put commencer que début 1914, pour un seul pavillon. Elle fut interrompue à cause de la guerre.
En 1922, l'armée, quittant Fraize, céda ce pavillon à la municipalité qui put en entreprendre l'achèvement. Il devint le pavillon des femmes, les hommes partageant le bâtiment de devant avec toute l'administration.
À l'initiative du curé Petitjean, et grâce à la contribution de généreux donateurs, une chapelle fut construite en 1930 dans la cour, à l'arrière droit du bâtiment principal.
En 1956, le conseil municipal fit construire une galerie reliant les bâtiments des hommes et des femmes et accueillant les services administratifs, cuisine, lingerie, dispensaire et quelques chambres individuelles.
En avril 1964, la dernière Sœur Saint-Charles partie, l'ensemble du personnel devint laïc. Nombreux sont encore les anciens de Fraize qui se souviennent avec émotion des Sœurs Sylvestre (infirmière), Camille et Hubert, qui passèrent une quarantaine d'années de leurs vies parmi nous.
Pendant toutes ces années, une bonne centaine, les pensionnaires valides cultivaient les terrains (foin et pommes de terre principalement) légués par Joseph Deloisy, et derrière le nouvel hôpital, un bâtiment avait été construit que l'on appelait la ferme. On y élevait poules, lapins et porcs qu'on engraissait avec les restes et les eaux grasses et ils amélioraient l'ordinaire sans coûter bien cher. On ne perdait rien !
De nouveaux travaux d'extension et d'humanisation de l'hôpital, notamment la construction des deux ailes qui faisaient partie du plan initial de 1900, ont finalement débuté en 1994. Ils ont permis la suppression des chambres à 3 et 4 lits, et l'adjonction d'équipements de toilettes et sanitaires dans chacune des chambres.
Malheureusement, ces travaux d'agrandissements n'ont pu épargner la chapelle qui dut être détruite en 1995. À sa place se trouve aujourd'hui le parking du personnel.
Idem pour la ferme qui disparut, les porcs risquant d'avaler des médicaments rejetés par des pensionnaires indociles ! À sa place se trouve le fonctionnel bâtiment des services techniques.
120 personnes dépendantes peuvent y être hébergées en internat complet mixte dans des chambres de 1 ou 2 lits. À l'entresol gauche, un secteur de 12 chambres a spécialement été créé pour les désorientés qui peuvent ainsi accéder à un espace clos réservé, dans l'enceinte du parc, leur permettant de s'y promener en toute sécurité. L'entresol droit comporte une salle d'animation et permet l'accès direct à la terrasse exposée au sud.
L'EHPAD, Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes, gère aujourd'hui cet hôpital local, véritable maison de retraite, toujours appelée par les Fraxiniens "l'hôpital".
Quel chemin pour y aller ?