Monuments et sujets remarqués par « La Costelle »

La maison Masson-Wald

Aujourd'hui

La maison Masson-Wald aujourd'hui, façade sud.

Construite en 1812, elle avait mal vieilli cette auguste maison. Devenue propriété de la commune, il fallut d'urgence refaire toiture et charpente qui étaient en très mauvais état. Ainsi, sur les 25 m3 de bois constituant sa charpente, il a fallu, lors de la première tranche de travaux de 1994, en remplacer 15 ! Les financements obtenus, les autres tranches de travaux de gros œuvre et d'aménagement intérieur ont été menées à bien. En 1995, elle a été inscrite à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques.

Après réhabilitation complète de la propriété, elle fut inaugurée en septembre 2006. On y trouve :


Histoire

C'est en 1990 que la ville de Fraize devait entrer en possession de la Maison Masson-Wald, suite à la donation qu'avait faite Hélène Wald. Elle devra attendre 1994 pour en être propriétaire de plein droit. Il faudra ensuite attendre 12 années pour en faire la belle bâtisse d'aujourd'hui.

D'où nous vient donc cet héritage ?

Cela commence avec une série de Jean-Baptiste Masson, car, comme le voulait la coutume aux XVIIIème et XIXème siècles, l'aîné des garçons dans une famille portait presque toujours le prénom de son père.

La maison Masson-Wald aujourd'hui, pignon ouest.

C'est en 1783 que Jean-Baptiste Masson 2 achète la maison. La partie haute seulement... Pour la partie basse, ce sera plus tard. Comme l'atteste le précieux parchemin daté de 1780 que la ville possède, J.B Masson 2 est alors autorisé à exercer la profession de maître chirurgien à Fraize (et non ailleurs). C'est à lui que l'on doit l'allure élancée que la maison a aujourd'hui, ainsi que l'atteste la date de 1812 figurant encore sur la porte N.O. (côté église). La partie basse de la maison actuelle (entrée de la Bibliothèque) ne lui appartient pas. Elle est la propriété de Marie-Anne Humbert, sa mère, veuve de J.B. Masson 1, lui-même chirurgien à Fraize, décédé en 1795, arrivé à Fraize vers 1740. Il n'en hérite d'ailleurs pas car rien ne se passe trop facilement dans les partages au sein de la famille Masson. Après la mort de M. A. Humbert en 1815, comme il n'y a pas d'entente entre les héritiers, on procède à un tirage au sort et c'est Antoine, son frère, curé à Colroy la Grande qui reçoit cette partie de la maison alors plus importante qu'aujourd'hui. Il la revend pour la somme globale de 3000 F à son frère J.B. Masson 2 pour moitié (celle qui nous intéresse) et à François-Joseph Mangin pour l'autre moitié à une date que nous n'avons pas, forcément avant 1818, date de son décès. (Ce F.J. Mangin et son épouse, née Masson sont les ancêtres de la famille Didierjean, propriétaires de la belle maison voisine).

Nous en sommes donc au troisième acte notarié... Au décès d'Antoine, tout se complique. Un autre Masson, époux d'une soeur du prêtre (mariage consanguin, sans doute), poursuit J.B. Masson 2 en justice, prétendant qu'il n'avait pas payé au prêtre les 1500 F qui lui étaient dus, y ajoutant un troublant héritage familial luxembourgeois... Le harcèlement durera jusqu'en 1836 ainsi qu'en témoigne l'abondante correspondance dont nous disposons.

C'est encore en 1836, aux enchères, pour 13200 F, que Hyacinthe Masson (son premier prénom est encore J.B.) achète la maison actuelle. Là encore, il n'y a pas eu d'entente entre frères et soeurs qui ne sont pourtant que trois. Il y fait de profondes transformations à l'intérieur qui possédait encore un corps de ferme, et sur la façade à laquelle il donne le dessin actuel.

À droite, la propriété Masson-Wald au début du XXème siècle, vue vers l'ouest.

Il faut encore préciser qu'en 1838, Hyacinte Masson et son épouse font l'acquisition d'une petite maison se trouvant là où est actuellement le Monument aux Morts. La famille en restera propriétaire jusqu'en 1920 ; elle sera détruite en 1970.

Tout alors aurait pu se dérouler simplement. Or, il advint que H. Masson perd son épouse en 1856. Deux années plus tard, il épouse sa gouvernante Elisa Samson. Les enfants de Hyacinthe n'apprécieront pas du tout ce remariage, d'autant plus que, de cette union, naîtra une petite Jeanne en 1868...

En 1898, mort de Hyacinthe... Les ennuis commencent pour sa veuve et sa fille. Après trois années de procédure et d'expertises, la maison estimée 35000 F est achetée aux enchères en 1901 par Elisa pour la somme de 40000 F. Elle le fait en utilisant un intermédiaire, façon déguisée de ne pas apparaître comme acheteuse et ainsi éviter la surenchère.

Ensuite, évidemment, tout est simple. Jeanne, enfant du second mariage, épouse d'Albert Wald, hérite de cette propriété. Ce sera enfin au tour d'Hélène, leur fille, dernière héritière, de continuer à faire vivre cette maison.

Hélène Wald, fin des années 1980.

Hélène Wald lègue la maison à la commune

Mlle Hélène Wald, devenue une très vieille dame, vécut ses dernières années comme pensionnaire à l'hôpital de Fraize. Après son décès survenu en 1990, et quelques hésitations compte tenu de l'engagement financier, le conseil municipal, sous la mandature de Claude Jacquot, a accepté le legs : Je n'ai pas d'héritiers, ma dernière parente, ma cousine Adrienne Idoux, est décédée en 1974 à l'âge de 99 ans. Comme mon grand-père Hyacinthe Masson* a été maire de Fraize, j'ai pensé qu'il serait bien que cette maison revienne à Fraize.

* : C'est sous sa longue mandature (22 ans de 1848 à 1870) de que l'hôtel de ville a été construit et inauguré en 1858.


On connaît la suite.

François Maubré, « La Costelle », 2006.


 

Quel chemin pour y aller ?

 

Nota : La généalogie de la famille Masson-Wald est disponible en téléchargement.

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© La Costelle. Dernière mise à jour le 29/05/2021 à 11:12 
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