Marie Petitdidier

Biographie

Marie‑Marguerite Petitdidier, fille de Honoré Petitdidier (notaire) et de Marie‑Catherine Divoux, est née à Fraize le 24 novembre 1883.

Seconde de cinq filles, elle avait fréquenté l’école de Fraize et pratiquait, comme ses sœurs, l'allemand qu’elle avait acquis durant des séjours à Fribourg. C'était sans doute une enfant instruite qui avait, comme le rapporte son cousin Henri Lalevée : une âme d’artiste. Marie excellait, en effet, dans l’art de la musique (elle était organiste) et de la peinture. Élève du peintre déodatien Paul Descelles, elle fut aussi à Paris élève de l'académie Julian à Montmartre. C’est le portrait qui l'attirait le plus et c'est à ce titre qu’elle fut reçue au Salon en 1914.

À gauche la maison de la famille Petitdidier, face à la gendarmerie, rue de Saint-Dié (aujourd'hui rue E. Mathis).
À gauche la maison de la famille Petitdidier, face à la gendarmerie, rue de Saint-Dié (aujourd'hui rue E. Mathis).
Marie Petitdidier : Mère Tarcisia.Photo aimablement retrouvée par sœur Marie-Christine,archiviste à l’Abbaye Saint Louis du Temple, Vauxhallan.
Marie Petitdidier : Mère Tarcisia.
Photo aimablement retrouvée par sœur Marie-Christine,
archiviste à l’Abbaye Saint Louis du Temple, Vauxhallan.

Marie Petitdidier passe à Fraize, dans la maison de famille de la rue de Saint-Dié (actuellement rue Eugène Mathis), face à la (l’ancienne) gendarmerie, toute la guerre de 1914‑18 et rédige un journal des événements vécus à Fraize (voir plus bas). Elle met sa passion du dessin au service du souvenir en se rendant sur les lieux des combats, ramenant des dessins et aquarelles très mouvants dont certains ont été tirés en cartes postales vendues au profit des blessés (voir des reproductions en bas de page).

Elle fait la connaissance de Joseph Bellouard, prêtre, caporal brancardier, mais surtout poète. Avec lui elle participe à des ublications d’inspiration religieuse et patriotique, qu’elle enrichit de ses aquarelles (comme le Calendrier 1916).

Peu après la guerre, Marie Petitdidier sacrifie ses inclinations d’artiste à sa foi et entre au Couvent des Bénédictines du Saint Sacrement du Temple, rue Monsieur, à Paris, où elle prend le nom de sœur Tarcisia, le 20 septembre 1919 (profession de foi le 16 mai 1921). Cloitrée parmi une centaine de moniales, elle ne rencontra sans doute pas les intellectuels catholiques qui, attirés par les chants liturgiques, fréquentaient la chapelle…Sa santé devenue fragile ne lui permettait pas de suivre toute l'observance, toutefois elle mit tout son talent, mais anonymement, au service du gros atelier d'images pieuses de la communauté.
À la recherche d'informations, Jean‑Luc Potier (petit neveu) a contacté l'archiviste à l'Abbaye Saint Louis du Temple, à Vauxhallan, où siège la communauté depuis 1951.Merci à sœur Marie‑Christine de nous avoir retrouvé la photo de mère Tarcisia ci‑contre et un peu précisé sa situation dans la communauté.

Nota : Joseph Bellouard, missionnaire diocésain de Poitiers, caporal brancardier au 314e d’infanterie (dont on ne sait s'il vint jamais à Fraize), partage depuis le début de la guerre la vie des soldats du front. Il publie, en 1915, Un chant de consolation chez H. Boulord à Niort, préfacé par Maurice Barrès, qui comporte un dessin de Marie Petitdidier, un Calendrier 1916 qui comporte pour chaque mois une poésie et un dessin de Marie Petitdidier

La famille de Marie Petitdidier est peu commune, jugez-en :

  • Sa sœur aînée Suzanne a épousé Jean Antoine, directeur de la filature des Faux (tué le 26 décembre 1914 à Aspach le Bas). Leur fils Pierre devint à son tour directeur de la filature des Aulnes et leur fille Paule épousa Jean Potier Receveur, Contrôleur de l’Enregistrement à Fraize puis Conservateur des Hypothèques à Saint-Dié.
  • Sa sœur Thérèse a épousé un ingénieur, Paul Kuehn dont deux des enfants furent évêques…
  • Deux autres sœurs, Marthe et Hélène demeurèrent célibataires.
  • Une tante, Marie-Honorine Petitdidier, était la religieuse sœur Honorée.
  • Une autre tante, Marguerite Petitdidier, épousa Victor Aubin Lalevée dont les fils Victor (Histoire de Fraize) et Henri (les Croix de Fraize) étaient donc ses cousins germains.

Marie Petitdidier, en plus de ses dessins, a laissé à Fraize deux souvenirs importants qui sont :

  • L’émouvant journal qu’elle a rédigé tout au long de la guerre et qu’elle a intitulé Je me souviens et
  • la statue qu'elle a fait ériger — au lieu dit aujourd'hui — la Vierge pour la remercier d’avoir sauvé Fraize en septembre 1914 de l’invasion allemande.

Marie Petitdidier, ou plutôt mère Tarcisia, mourut en sainteté le 7 avril 1943, à Meudon, où le couvent s’était transporté en 1938.

La statue de la Vierge

La statue de la Vierge érigée à la Plaine de la Forge, regardant Fraize où les Allemands ne purent descendre.
La statue de la Vierge érigée à la Plaine de la Forge, regardant Fraize où les Allemands ne purent descendre.

Le 8 septembre 1914, alors que les Allemands étaient sur le point d’envahir Fraize, Marie Petitdidier fait un vœu à la Vierge : tombant à genoux […], je La suppliai d’avoir pitié de nous, et Lui promis que si Elle m’exauçait et nous sauvait de l’invasion, une statue lui serait érigée […], et que chaque année on irait en procession La remercier là. (Journal page 31).

De nombreux fraxiniens se joignent à sa promesse, mais le danger passé, la guerre finie, seule la famille Petitdidier se souvint de cette promesse et bien qu’entrée au couvent, Marie s'occupa de réaliser son vœu.

Elle y réussit avec l’appui et l’aide pécuniaire de sa famille. Elle choisit le sculpteur (un certain Gérard de Toulouse), dessina l’image de la statue qu’elle désirait, le soubassement et l’ensemble du monument, y compris les versets latins des psaumes gravés sur les faces du piédestal.– Henri Lalevée

Un terrain fut acquis à la Plaine de la Forge et le monument, érigé avec l’aide de fraxiniens, fut inauguré par le curé Petitjean le 2 octobre 1927 (Bulletin Paroissial de Fraize de décembre 1927).

Aujourd’hui, le terrain est parfois envahi d’herbes folles, et bien peu, sans doute, sont les fraxiniens qui se souviennent des périls de septembre 1914, raison de ce monument, et moins encore de la famille Petitdidier.


Consultez l’extrait du Bulletin Paroissial de décembre 1927

Le journal : Je me souviens, mémoires de guerre.

Première page du premier manuscrit
Première page du premier manuscrit
Première page du second manuscrit
Première page du second manuscrit

Dès les prémisses de la guerre de 1914, Marie Petitdidier entreprend la rédaction d’un journal sur un cahier d’écolier. Elle y notera à la plume et d’une écriture élégante les événements familiaux et militaires vus de chez elle.

Ce cahier original de 50 pages, qui couvre toute la durée de la guerre, appartient de nos jours à La Société Philomatique Vosgienne de Saint-Dié.

À une date plus tardive, mais inconnue, Marie Petitdidier entreprit une nouvelle rédaction de son journal d’une façon beaucoup plus travaillée, détaillée et circonstanciée, illustrée, perdant sans doute un peu de l’émotion du moment au profit de développements enrichis. Les références au futur qui l’émaillent ici ou là ne peuvent à l’évidence pas provenir du manuscrit original !

C’est ce second texte manuscrit de 240 pages (annoté en 1963 par Henri Lalevée) qui fut retrouvé dans le grenier de la maison de famille à l’occasion de sa vente. Il est en possession de Gérard Antoine, petit neveu de Marie Petitdidier qui le fit dactylographier en 2012 à l’usage exclusif de sa famille.

Il est mis aujourd’hui à la disposition des lecteurs de La Costelle grâce à Jean‑Luc Potier qui, compte tenu de la valeur historique du document pour les fraxiniens, est intervenu auprès de Gérard Antoine, son cousin germain, afin qu’il en autorise la diffusion, ce qu’il accepta volontiers sous la réserve expresse qu’aucune exploitation commerciale n’en serait faite. C’est un engagement que l’association La Costelle prit volontiers, assorti de ses plus sincères remerciements.


Consultez le journal de Marie Petitdidier (également accessible via Documents ´Archives / Bibliothéque, documents et écrits...)

Dessins de Marie Petitdidier.

Voici un ensemble de dessins de Marie Petitdidier, allant de 1900 à 1917, qui proviennent des fonds de La Costelle. Merci à Jean‑Luc Potiers et Jean‑Claude Fombaron qui les enrichirent dernièrement.
 

Nota : La Costelle est toujours à la recherche de photos de Marie Petitdidier et aussi d’autres dessins d’elle s’il s’en trouve…

La Costelle