À Fraize et dans la région, on n'a pas oublié Jacky Brultey, tant ce nom est indisociable d'activités diverses, comme la réfection et l'entretien de chapelles, mais aussi l'organisation de marches sur les sentiers de randonnées qu'il surveillait avac son ami André Schwinte.
Cela ne l'empêchait pas de gérér, avec efficacité, un magasin d'alimentation générale, place de l'Hôtel de Ville, en compagnie de son épouse Josette. Le couple avait acheté le commerce en 1955 à Germaine Leroy. Écouton Jacky :
« Depuis son ouverture, le magasin a toujours été ouvert, du lundi 7 h 00 au dimanche 12 h 30, sans vacances. Avec seulement en 46 ans d'exploitation, une dizaine de jours de fermeture pour événements familiaux. »
« En 1955, il n'y avait pas de grandes surfaces » poursuivait Jaky. « En revanche, rien que pour Fraize et Plainfaing, on dénombrait près de 40 magasins d'alimentation, dont les succursalistes Sanal, Abeille et Coopérateurs. Sans oublier à Fraize les deux coopératives d'usines où les clients, pas seulement les ouvriers d'usine, pouvaient faire toutes leurs commissions au carnet (les règlements se faisant au moment de la paye). »
Mais, disait encore Kacky, « Nous n'étions pas très riches. La concurrence était bien plus importante du fait des facilités accordées dans ces coopératives. Nous, nous ne pouvions nous permettre que très exceptionnellement d'accepter de faire crédit. »
La fermeture des usines Géliot a pratiquement coïncidé avec la disparition des magasins à succursales, mais aussi avec l'arrivée des grandes surfaces à libre service. Dans ce bouleversement de la distribution alimentaire, le couple Brultey a fait face, non sans difficultés. Contre vents et marées, les rayons étaient toujours bien remplis de produits frais, légumes, fruits, poissons et aussi conserves, vins, spiritueux et autres apéritifs.
Josette, l'épouse dévouée, était née dans le commerce puisque ses parents avaient géré durant de nombreux le plus bel établissement de la région : le Grand Hôtel. Établissement qui a malheureusement disparu, tout juste, hélàs, pour faire place à l'implantation d'une grande surface !
Le couple s'était marié en 1959 et deux fillettes étaient venue agrandir la famille.
L'accueil que Josette et Jacky réservaient à la clientèle était le gage principal de sa fidélité. Clientèle qui savait pertinamment bien que les tarifs étaient plus élevés, mais que, nulle part ailleurs, cette embiance bon enfant ne se retrouvait. Et pour ce qui est de l'ambiance, on pouvait faire confiance à Jacky, dont l'érudition et aussi parfois la verdeur de language, étaient souvent mises à contribution.
Depuis quelques années, Jacky faisait valoir ses droits à la retraite ; il a fini par céder le magasin à son épouse Josette, qui a continué un peu, car la pension de retraite d'un artisan n'était pas bien lourde.
Avec les années qui passaient, les longues journées derrière le comptoir devenaient de plus en plus dificiles à supporter. Il a bien fallu un jour songer à baisser définitivement le rideau. Qu'allait devenir l'épicerie Brultey ? Le 31 mars 2001, après 46 ans de présence permanente, l'épicerie disparut !
Sans quitter Fraize où il avait de nombreuses attaches, le couple a pu enfin bénéficier d'un repos bien mérité et consacrer ses jours à la famille et aux diverses associations auxquelle il prenait partt : Office du tourisme, Association Commerciale, associations La Costelle et Franco-Américaine, Souvenir Français... Notre retraité, toujours avec une efficacité remarquée, ne restait jamais longtemps inactif. Il a aussi publié quelques articles dans la revue "Dialogue Transvosgien", traitant du patrimoine auquel il était tant attaché et fervent défenseur.
Josette nous a quittés la première le 20 décembre 2015, à 76 ans.
Jacky, lui, est décédé le 21 août 2023 à Kunheim (Haut-Rhin) où il s'était rapproché de ses enfants. Il avait 99 ans, dont 22 ans de retraite bien méritée.
Adieu les amis et merci pour tous ces bons souvenirs que vous nous avez laissés.
Marie-Christine Jeandel, La Costelle.